L'entérocystoplastie d'agrandissement est une intervention chirurgicale destinée à augmenter la capacité de la vessie en utilisant un segment d'intestin.
Elle fait partie des options thérapeutiques pour obtenir/retrouver un réservoir vésical satisfaisant, c’est-à-dire d’une capacité suffisante, et à basse pression tout au long du remplissage. Ces caractéristiques de la vessie sont nécessaires pour préserver le fonctionnement des reins, éviter les infections urinaires, être continent et ne pas être gêné par des symptômes d’hyperactivité vésicale.
Cette chirurgie existait avant les traitements médicamenteux de l’hyperactivité vésicale. Du fait de l’importance de cette chirurgie, des suites opératoires et du risque de complications, l’entérocystoplastie d’agrandissement est habituellement proposée en cas d’échec ou de mauvaise tolérance de ces traitements (traitement anticholinergique, bêta-mimétique, toxine botulique intra-détrusorienne).
Cette solution est obligatoirement associée à la réalisation d’auto-sondages car la vessie agrandie ne peut pas se contracter pour obtenir une vidange.
Comment se déroule l’intervention ?
Voici les étapes principales de l'intervention :
- Cystectomie sus trigonale (ablation de la vessie en conservant le trigone vésical).
- Prélèvement d'un segment intestinal : Un morceau d'intestin (souvent l'iléon, une partie de l'intestin grêle) est prélevé.
- Remise en continuité digestive.
- Plastie : Différentes techniques sont utilisées pour transformer l’intestin, structure tubulaire, en une structure plane puis en un réservoir.
- Anastomose à la vessie : le segment intestinal préparé est suturé à la vessie.
Ces différentes étapes expliquent la durée de l’intervention (3 à 5 h).
La cicatrisation nécessite une sonde à demeure dans la vessie durant 3 à 4 semaines, avec nécessité de lavages pour éviter l’obstruction de la sonde par le mucus produit par l’intestin.
L’intervention peut dorénavant être proposée en cœlioscopie robot assistée (technique en chirurgie d’exploration et de traitement des organes de la cavité abdominale dite « mini-invasive » grâce à une petite incision de la paroi abdominale), ce qui peut diminuer la durée de convalescence et les risques de complications liés à l’incision.
Avantages et inconvénients :
- Avantages :
La chirurgie d’agrandissement est très efficace sur l’hyperactivité vésicale ! On peut espérer une amélioration très significative et pérenne de la capacité vésicale avec une baisse de la pression au sein de la vessie, une amélioration complète de l’incontinence et une diminution du rythme de sondages.
Cette efficacité au long terme s’associe à la possibilité d’arrêter les traitements anticholinergiques, les injections de toxine dans la vessie et d’espacer les examens urodynamiques de surveillance. Un suivi par fibroscopie est conseillé à distance de l’intervention.
On peut associer à l’agrandissement de vessie un geste de dérivation cutanée continente pour réaliser les auto-sondages par voie abdominale, et/ou un geste de continence en cas d’insuffisance sphinctérienne associée.
- Inconvénients :
- Chirurgie longue avec convalescence de 3 à 4 semaines avec une sonde à demeure.
- Reprise des auto-sondages très rapprochée : l’agrandissement de vessie doit progressivement se dilater pour éviter un risque de lésion.
- Risque de complications avec nécessité éventuelle d’une reprise chirurgicale.
- Risque faible lié au prélèvement intestinal : diarrhée de malabsorption.
- Production de mucus par l’intestin grêle composant la vessie : augmentation du calibre des auto-sondages (Ch 16 au mieux).
- Caractère irréversible : réalisation d’une ablation partielle de la vessie.
Rapprochez-vous de votre Urologue ou Neuro-urologue pour échanger sur cette option thérapeutique.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter cette fiche sur l’entérocystoplastie d’agrandissement : 85_enterocystoplastie_dagrandissement_0.pdf
Auteur :
Dr Grégoire Capon – Chirurgien Urologue au CHU Groupe Hospitalier Pellegrin de Bordeaux.